Tête de rame : portrait n°2
A la rencontre d’inconnus, croisés dans les transports en commun, et croqués dans leur quotidien de voyageurs du matin et du soir, avec une petite touche d’imagination en plus. Petites capsules temporelles, reflets de notre temps.
L’homme est trapu, vêtu d’une parka souple de couleur sombre. Un bonnet enfoncé sur la tête, à ras des sourcils. Il marque le rythme de son pied droit, sans pour autant qu’il porte des écouteurs. Arrivé à Coignières, il entrouvre son sac de course et en sort deux trousseaux de clés. Rien d’extraordinaire jusque-là à une exception près : chaque trousseau doit contenir environ 25 clés… Ils sont suspendus à un mousqueton, de ceux qu’utilisent les alpinistes pour s’assurer. Puis, l’homme, dans un premier temps, retire du sac une paire de gants épais. Il les pose sur ses genoux et replonge la main dans le sac pour en ressortir des gants très fins, noirs, qu’il enfile aussitôt. Il secoue l’un des trousseaux de clés, en décroche une, qu’il suspend à la chaînette de son cou. J’aime à imaginer que notre homme est prêt. Prêt à grimper à la façade d’un immeuble pour commettre son forfait ! Il enfonce son bonnet, remonte la fermeture de sa parka jusqu’au menton, saisit son sac et descend à La Verrière.