
Tête de rame : portrait n°16
A la rencontre d’inconnus, croisés dans les transports en commun, et croqués dans leur quotidien de voyageurs du matin et du soir, avec une petite touche d’imagination en plus. Petites capsules temporelles, reflets de notre temps.
« Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine. Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit ». Etonnant comme les vers de Rimbaud me reviennent après tant d’années. Dehors, le jour ne s’est pas encore levé. Et ce jeune homme dort, comme le dormeur du val 150 ans plus tôt. Pourquoi ai-je repensé à ce poème en le regardant dormir ? Je ne sais pas, il n’a rien d’un soldat, il n’est pas allongé dans l’herbe, il est bien vivant. A moins que ce soit la tache de vin qu’il a sur la tempe droite et qui descend sur sa joue. Comme si la balle qui avait frappé le soldat de Rimbaud l’avait touché à son tour. Et que le sang et la vie s’en étaient allés. « Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid ».