
Tête de rame : portrait n°13
A la rencontre d’inconnus, croisés dans les transports en commun, et croqués dans leur quotidien de voyageurs du matin et du soir, avec une petite touche d’imagination en plus. Petites capsules temporelles, reflets de notre temps.
Probablement 170 ans à eux deux. Voire plus. Nul doute qu’ils aient connu le poinçonneur des Lilas, les portes sas lorsque le métro arrivait à quai. Tout est démodé chez ce vieux couple. Chaussures d’un autre temps, usé, bas qui plissent pour madame. Je les imagine bien habitant une petite maison ouvrière de banlieue. Lui ancien ouvrier métallo à Billancourt, elle mercière dans une petite échoppe.
« Y fait nuit maintenant, il est quelle heure ? Ah oui, 6h10 ». L’homme ne dit rien, comme s’il était devenu sourd ou indifférent au monologue de sa femme. « Et les clés, elles sont où ? ». La rame arrive en gare de Meudon Val Fleury, ils se lèvent pour descendre. Après tout, peut-être ont-ils connu l’ouverture de la gare, en 1840…